pourquoi nicolas sarkozy n’a pas l’étoffe présidentielle
Cher Monsieur Sarkozy,
Après lecture attentive de votre programme, examen scrupuleux de votre bilan et étude impartiale (autant que faire se peut) de vos discours, j’ai le regret de vous informer que vous cumulez trop de handicaps pour pouvoir sérieusement prétendre à la fonction qui est votre tenace obsession. Votre définition est en effet la suivante : homme du passé, homme du passif, homme des passions. Homme du passé ? Vos références obsessionnelles à mai 68, érigé par vous en bouc émissaire tous azimuts, vous renvoient en effet à votre adolescence, dont il semble que vous ne soyez pas sorti. Est-ce cette logique de la crispation sur le passé qui vous fait adopter une politique reaganienne et thatchérienne, qui appartient au siècle dernier et a montré ses limites et ses dégâts ? Je ne vous ferai pas l’injure de dire que vous ressemblez par vos propositions, la teneur de vos discours et le trompe-l’oeil de votre bilan, à des politiciens plus anciens encore, du général Boulanger à Charles Maurras, en passant par Tardieu ou Laval. Mais, de toute évidence, il vous faut faire encore un effort pour comprendre votre temps. Passez votre tour et levez-vous de bon matin, en effet, mais pour vous recycler : peut-être aurez-vous vraiment changé dans cinq ou dix ans, on ne sait jamais. Homme du passif ? Vous avez supprimé à grands fracas la police de proximité, sans lui laisser le temps de donner toutes ses preuves. Cela vous a permis de mettre de l’huile sur le feu et de dresser des français les uns contre les autres. Votre politique répressive ne réussit que dans la manipulation des statistiques et dans l’exacerbation de la culture du résultat : un grande partie des forces de l’ordre, vous le savez bien, en a plus qu’assez d’être sommée de faire du chiffre, au détriment des autres missions qui lui incombe. Comme ministre des Finances, vous avez réussi en quelques mois de mandat à contribuer fièrement à l’augmentation du déficit astronomique que vos copains et vous laissez en partant. Sans parler de votre co-responsabilité dans la manipulation des chiffres du chômage... Je ne vous ferai pas l’injure de porter à votre débit ni les déclarations ahurissantes que vous vous êtes senti obligé de faire avant et pendant la campagne, sur l’ "intelligentsia droit-de-l’hommiste", sur les moutons dans les baignoires, sur la génétique, etc., ni la génuflexion, démentie depuis, que vous vous êtes empressé de faire devant George Bush. Mais c’est un fait : vos rodomontades cachent mal un bilan désastreux. Homme des passions ? Il suffit de lire ce que certains, dans votre famille politique, se risquent à dire tout haut, quand tant d’autres le pensent tout bas par peur de vos réactions hyperboliques et de vos basses vengeances : vous ê tes profondément imbu de votre personne et ne faites ce que vous faites que pour satisfaire votre ego monstrueusement enflé. Croyez-vous que cela vous permette d’accomplir sereinement, efficacement et avec justice, les fonctions de président de la république ? Je ne vous ferai pas l’injure de ranger dans vos passions vos amitiés louches avec des gens condamnés par la justice pour manquement aux règles (Carignon, pour n’en citer qu’un), avec des puissants dans l’ordre économique et dans la sphère médiatique (tout le monde aura compris), mais il est clair que votre histoire personnelle ne vous autorise nullement à devenir le garant impartial de la séparation des pouvoirs et de l’éthique de gouvernance. Bref, et je vous dis cela sans haine, plutôt en ayant pitié de vous, je suis de ceux qui pensent que vous continuez le chiraquisme, c’est-à-dire le passé, le passif et les passions, sous d’autres masques, ce pour quoi j’espère que les français ne se laisseront pas abuser par vous. Veuillez croire, cher Monsieur Sarkozy, en mes sentiments les meilleurs,
Patrick Quillier
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